« Environnementalisme ouvrier. Du productivisme à ses critiques au sein du mouvement syndical français dans la seconde moitié du XXe siècle », Renaud Bécot

"Alors que le mouvement syndical, en France comme dans la plupart des pays industrialisés, a longtemps été présenté comme "productiviste", cette intervention revient sur la genèse de préoccupations environnementales au sein des organisations syndicales CGT et CFDT. Confrontés aux retombées écologiques des décennies de forte croissance au cours de l'après-guerre, une cohorte de syndicalistes impose des revendications et réflexions sur les impacts écologiques des activités productives. Ils mobilisent alors aussi bien des instances représentatives du personnel (en réinvestissant les Comités d'hygiène et de sécurité), le recours à une expertise extérieure au salariat (en créant des alliances avec des médecins ou scientifiques critiques), l'action conjointe avec des associations écologistes ou des riverains, ainsi que la formalisation de commissions ou d'outils internes aux organisations syndicales. Ces pratiques et réflexions sont au fondement d'un environnementalisme ouvrier, qui se présente comme une voie d'émancipation du syndicalisme par rapport à "l'horizon distributif" qui prévalait dans le mouvement ouvrier des décennies d'après-guerre."