Frontières et frontiérités. Des dispositifs aux hétérotopies

Résumé: L'objet de l'intervention “Frontières et frontiérités. Des dispositifs aux hétérotopies” part d'une réflexion sur les interactions entre souveraineté, migrations et frontières essentiellement élaborée à partir du cas européen. Des tensions apparaissent entre la composante territoriale de l’Union (mesures de contrôle des frontières extérieures) et la composante politique de l’Union (exigences de protection des droits fondamentaux) dans les modes de gestion des migrations et de contrôle de frontières. En effet, la définition et la protection du limes de l’Union (contours matériels des Etats membres de l’UE) altèrent l’affirmation et la réalisation des finis de l’Union (caractères essentiels de l’UE et de ses Etats membres posés comme les principes au fondement de l’Union à l’article 2 TUE). Il s’agit de mettre en mettre en lumière les contradictions fondamentales entre les approches de contrôle qu’une appréhension sécuritaire des frontières génère et les exigences de protection des droits que les instruments juridiques internationaux et régionaux imposent, de mettre en exergue les distorsions entre les sociétés de droit que les Etats membres de l’UE affirment être et les situations d’exception que les politiques européennes de migration et d’asile engendrent. Or, pour rendre compte de manière compréhensive des usages du pouvoir développés par les Etats et par l’Union dans les frontières européennes, il paraît utile de s’intéresser aux frontières dans leur épaisseur et aux frontiérités dans leur complexité. Pour ce faire, partir des réflexions de Michel Foucault permet de proposer un prisme analytique de nature à déconstruire les pratiques des Etats : non seulement les frontières peuvent être appréhendées comme des dispositifs, mais elles peuvent aussi être regardées comme des hétérotopies. Il en découle la possibilité de décrypter plus avant la manière qu’ont les Etats d’aménager, inscrire, organiser, fabriquer, travailler les frontières comme filtres pour gérer les arrivées de migrants afin de résoudre le problème de leur circulation, sachant que l’objectif est de laisser passer les désirables et d’empêcher le passage aux indésirables.

Professeure de droit public à l’Equipe de droit international, européen et comparé de l'Université Jean Moulin Lyon 3 et membre de l'Institut Convergences Migrations, Marie-Laure Basilien-Gainche est membre senior de l'Institut Universitaire de France. Elle dirige à ce titre le projet MOEBIUS "Sovereignty ordering migrations inside European borders. Usages v. ethics". Elle étudie l’effectivité de la protection des droits fondamentaux en Europe, notamment en examinant les situations d’exceptions et en considérant les conditions des marges. Ainsi, les crises graves qui permettent la concentration des pouvoirs et la restriction des droits, ainsi que l’enfermement juridique qui peut conduire à des abus de pouvoir et à des violations des droits constituent son principal domaine de recherche. Elle concentre son analyse sur les normes européennes en matière de migration et d’asile, et sur leur compatibilité avec les instruments internationaux et européens de protection des droits de l’homme. Elle est membre du comité scientifique de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne.

Inscription obligatoire avant le 23 mai : https://forms.office.com/e/LvJbYwvrkp?origin=lprLink

Lundi 26 mai, 2025, de 12 à 14 heures
REPI - Université libre de Bruxelles
Campus du Solbosch – IEE RT39 Salle Geremek
39 Avenue Franklin Roosevelt
1050 Bruxelles

BIM - REPI - Recherche et Etudes en Politique Internationale

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