Jean-Benoît PILET, Doyen de la Faculté de Philosophie et Sciences sociales,
Thomas BERNS, vice-Doyen de la Faculté de Philosophie et Sciences sociales,
Pierre LANNOY, Président du Département des Sciences sociales et des Sciences du travail et Responsable académique de la chaire,
ont l'honneur de vous inviter à la leçon inaugurale de la
Chaire Henri Janne
(SOCAD-536 Chaire Henri Janne – Questions d’actualité en sociologie)
« Quelles alliances sociales pour l’écologie ? »
par Jean-Baptiste Comby
Sociologue, Maître de conférences à l'UFR de sociologie de Nantes Université et chercheur au CENS, le Centre Nantais de Sociologie
Lundi 03 novembre 2025 à 18H30
ULB, Campus du Solbosch, Bâtiment H, Niveau 2, Auditoire 215
Dans le monde social tel qu’il fonctionne, rien, ou si peu, ne nous prépare à la transformation écologique de nos sociétés. L’étude des rapports à la question environnementale au sein des différentes classes sociales françaises le montre : sans une profonde refonte des hiérarchies établies et des manières conventionnelles de s’intégrer socialement, les politiques de l’écologie sont vouées à reconduire les dynamiques écocidaires qu’elles espèrent pourtant démanteler. Dans ce contexte, la mise à plat des structures sociales du désastre environnemental peut indiquer des pistes stratégiques pour construire des alliances de classe ayant l’écologie comme levier et comme boussole.
La leçon inaugurale sera suivie de trois autres leçons :
- Mardi 04 novembre de 10h à 12h, local AZ.1.101 : L’espace des politiques de l’écologie
Historiquement et plus encore depuis les années 1960, les enjeux environnementaux puis écologiques, sont travaillés par une tension entre contestation et institutionnalisation, politisation et dépolitisation. Cette tension gagne à être lue non pas en termes de clivage ou d’oppositions binaires, mais de manière processuelle et relationnelle. Se dessine alors un espace social des politiques de l’écologie qui se structure depuis une vingtaine d’années autour de deux pôles, l’un réformateur et l’autre non-capitaliste. Au sein de cet espace, les positions se distribuent largement en fonction du degré d’adhésion au, ou de rupture avec, le monde tel qu’il va. Ces positionnements sont redevables de trajectoires sociales dont la différenciation relative engendre une lutte pour imposer les modalités légitimes de l’écologisation.
- Mardi 04 novembre de 16h à 18h, local B1.315 : Faire la sociologie des formes d’écologisation
L’étude sociologique des processus d’écologisation rencontre des difficultés méthodologiques qui n’ont rien de singulier. Elles engagent des choix empiriques qui, ici comme ailleurs, doivent être explicités. En revenant dans les cuisines de mes enquêtes, je raconte comment je me suis employé à saisir de concert la double dimension, matérielle et symbolique, des rapports à l’enjeu écologique. Je montre l’importante de ne pas reproduire le cloisonnement des pratiques tel qu’il est organisé par l’écologie dominante ou, autre rupture avec les prénotions, je souligne que les « petits gestes » tendent en fait à être associés à de grands efforts par les enquêté.es. Des efforts qui, s’ils prennent des formes bien différentes selon les classes sociales, structurent fortement les manières de se positionner sur le terrain environnemental. Je propose enfin des pistes pour travailler l’articulation des rapports à l’écologisation sur les lieux de vie et sur les lieux de travail.
- Mercredi 05 novembre de 10h à 12h, local UA.6.207/211 : La condition écologique des classes sociales
La différenciation sociale des rapports à l’enjeu écologique donne à voir une société à double versant, l’un qui valorise plus nettement les ressources culturelles et l’autre qui monétise plus fortement le capital économique. Dit autrement, l’écologisation des pratiques comme des idées ne varie pas seulement selon que l’on se situe en haut ou en bas de l’espace social, mais aussi selon que l’on évolue sur son flanc ouest ou sur son flanc est. Coupler ces dimensions verticales et horizontales des rapports de classe permet d’apercevoir et de comprendre comment les offres écologistes contemporaines soutiennent d’un côté la convergence entres les fractions des classes dominantes et de l’autre la concurrence entre les fractions des classes dominées. Aussi écocidaire soit-il, l’ordre établi en ressort donc consolidé et la condition écologique des classes sociales, reconduite. Documenter et visibiliser cette dernière, notamment en mettant davantage en relation les différentes inégalités sociales face aux ravages environnementaux, peut cependant contribuer à renouveler les cadres d’injustice liés à la destruction des grands équilibres biophysiques de la vie sur terre.
Entrée libre - INSCRIPTION SOUHAITÉE : Formulaire en ligne
PLAN ULB - ACCÈS : Campus du SOLBOSCH
INFORMATIONS : phisoc.ulb.be
CONTACT : com.phisoc@ulb.be
Chaire organisée par la Faculté de Philosophie et Sciences sociales de l’ULB