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Présentation générale

Contexte et genèse du Cursus Européen

Outre un ensemble de particularités géographiques, historiques et culturelles, les « pays du Sud » se caractérisent par un ensemble de changements sociaux complexes : une forte urbanisation et de nouvelles relations entre l’urbain et le rural, l’ouverture aux flux audiovisuels et à l’information internationale, l’élaboration de nouvelles normes de gouvernance et de nouvelles formes de gouvernementalité portées par la décentralisation administrative, la démocratisation de la vie politique et la privatisation de l’économie, la complexification locale des propositions religieuses, l’intervention continue d’actions de développement dans tous les domaines (des programmes sanitaires et scolaires aux questions agricoles et minières).

Ces mutations engendrent et accompagnent des recompositions identitaires inédites (citoyenneté, autochtonies et ethnicités transnationalisées), des mutations profondes du lien social et des formes de solidarité (rapports de parenté et de genre), l’accès au revenu et à la consommation comme mode général de classification sociale, etc. Elles vont de pair avec un ensemble de conduites (logiques multiples de sécurisation existentielle, rationalité limitée et prudentielle d’une part mais aussi discordances normatives, gaspillage des réserves foncières, privatisation informelle des biens publics, corruption et violence d’autre part) que l’on peut analyser à la fois comme des dysfonctionnements, comme des formes locales d’adaptation à la globalisation ou comme des tentatives de subversion des ordres socioéconomiques existants.

Enfin, elles s’inscrivent dans des articulations complexes entre des pratiques et des discours localisés et des politiques publiques de plus en plus homogènes car « globalisées » (conditionnalités de l’aide, réformes des administrations publiques, etc.). Les divers champs investis par ces mutations sont autonomes, mais ils ne sont pas indépendants. En effet, nous sommes face à des configurations complexes que caractérisent un ensemble d’interconnexions et de transferts de sens : les institutions politiques et la société civile usent du religieux et réciproquement, le domaine sanitaire révèle les inégalités politiques ; la douleur est prise en charge par du magico-religieux autant que par du médical ; le clientélisme tend à s’imposer aux autres principes d’organisation sociale ; la corruption traverse tous les secteurs de l’administration ; le “rurbain” jouxte des espaces économiques complémentaires; etc.

C’est pourquoi il est indispensable de penser ces nouvelles configurations sociales à la fois dans leurs spécificités thématiques (santé, religieux, rural, urbain, politique, etc.) mais aussi dans leurs dimensions transversales et comparatives de développement humain (accès à la santé, à l’éducation, à l’habitat, à l’assainissement) et de développement social (accès à la citoyenneté, aux services publics, à l’expression politique, à la liberté de penser et d’expression, etc.).

Pour appréhender avec rigueur la complexité des dynamiques sociales et politiques évoquées, il est nécessaire de concevoir des programmes qui tranchent autant avec les logiques classiques de spécialisation disciplinaire ou de focalisation sur une aire culturelle qu’avec les filières dites « professionnalisantes », qui visent à former des « experts » en développement disposant d’outils clef en main. Le Cursus européen en Anthropologie des dynamiques sociales et du développement s’appuie sur un réseau scientifique européen déjà existant. Il se donne comme objet d’analyser ces processus complexes dans le cadre d’une formation interuniversitaire européenne permettant la mobilité d’enseignants-chercheurs et d’étudiants entre des institutions différentes. Le réseau d’enseignants-chercheurs européens à l’origine de ce projet s’est constitué en une dizaine d’années à partir d’une association savante, l’APAD (Association euro-africaine pour l’anthropologie du changement social et du développement). Le partenariat s’est d’abord manifesté à travers un séminaire doctoral européen dans le cadre d’universités d’été tenues tous les deux ans depuis 1997. Ces liens ont été renforcés à travers une série d’accords bilatéraux d’échange ERASMUS. La création du Cursus constitue un aboutissement majeur de ce partenariat, mais il reste une étape pour une meilleure intégration des cursus qui conduira à terme à la création d’un Master Européen Conjoint, étape en passe d’être réalisée entre l’Université libre de Bruxelles et l’Université de Bordeaux. Le partenariat est évolutif et reste ouvert à l’adhésion de nouveaux partenaires dans le futur.

Au-delà de la diversité des thématiques explorées par les chercheurs qui constituent ce réseau, il se caractérise par une série de postures méthodologiques et théoriques communes :

  • Un empirisme et une insistance sur la maîtrise des codes linguistiques et sémiologiques locaux.
  • Le refus de s’enfermer dans la dichotomie surannée entre recherche fondamentale et recherche appliquée, et l’adoption d’une posture réflexive vis-à-vis des formes de l’engagement. Notre conviction est que toute production de savoirs en sciences sociales a des implications sur la vie de la Cité, implications qu’il convient d’expliciter et d’essayer, dans la mesure du possible, de maîtriser. D’où l’intérêt que nous portons aux objets contemporains constitués en enjeux sociaux et politiques, mais abordés avec la rigueur et l’exigence de la recherche fondamentale. Il s’agit de revisiter à nouveaux frais des objets qui sont généralement appréhendés « par le haut », dans une dimension macrosociologique et macropolitique, par des économistes et des politologues.
  • Une ethnographie de type interactionniste, sensible à l’enchevêtrement des logiques sociales, recourant constamment à des variations d’échelle pour observer les phénomènes étudiés, dans un projet d’étude « compréhensive » de phénomènes transversaux, entre le local et le global.
  • L’adoption d’un point de vue diachronique, dans un dialogue avec l’histoire et avec un intérêt soutenu pour les dynamiques et les processus, dans l’étude des mutations contemporaines qui affectent les sociétés.

L’intérêt du Cursus européen

  • Une plus-value liée à la mobilité internationale: un bénéfice intellectuel et culturel grâce au caractère transnational du recrutement d’étudiants au niveau Master et des parcours mis au point et développés par plusieurs établissements dans différents pays, offrant des approches scientifiques et didactiques croisées, une formation bilingue ou trilingue à la recherche débouchant sur une professionnalisation de haut niveau. Ce projet constitue une réponse particulièrement pertinente aux enjeux d’attractivité et de diversification de l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur. Il contribuera par là-même à renforcer la place des partenaires sur l’échiquier universitaire européen.
     
  • Une plus-value pédagogique: intégrer, croiser et combiner les atouts scientifiques et pédagogiques de plusieurs institutions d’enseignement supérieur en une offre commune constitue l’attrait spécifique et le caractère novateur de l’ensemble.
     
  • Une plus-value liée à la recherche: un partenariat déjà bien éprouvé entre des enseignants-chercheurs anthropologues constitués en réseau, notamment autour d’une société savante, forte actuellement de plusieurs centaines de membres : l’Association pour l’anthropologie du changement social et du développement (l’APAD). Comme signalé dans le premier point, les membres de ce réseau partagent une posture commune que l’on pourrait définir par un intérêt pour l’étude des transformations rapides que connaissent les sociétés contemporaines, une démarche réflexive et empirique rigoureuse valorisant tout particulièrement l’enquête de terrain, enfin, une volonté de dialogue avec les acteurs impliqués dans le développement.

Organisation des études et dispositions pratiques

Organisation des études

L’inscription au Cursus se fait sur concours. Les candidats, qui doivent être inscrits en première année d’un des masters précédemment cités, introduisent pour le 1er décembre au plus tard un curriculum vitae (reprenant notamment leurs notes académiques et détaillant leurs compétences linguistiques), une proposition de parcours de mobilité ainsi qu’un dossier développant leur projet de mémoire – qui doit être axé sur une thématique d’anthropologie des dynamiques sociales et du développement, et qui doit donner lieu à un travail ethnographique dans un pays du Sud. Dans chaque institution partenaire, le représentant du Cursus rassemblera les dossiers soumis par les candidats et ceux-ci seront examinés par les membres du conseil, qui organiseront conjointement la sélection des dossiers durant le mois de décembre.

Les étudiants inscrits au cursus sont tenus de suivre et de réussir des cours totalisant au minimum 30 crédits dans une ou plusieurs institution(s) partenaire(s). Typiquement, cela se réalise à l’occasion d’un séjour lié à une bourse ERASMUS, mais cela peut aussi se faire selon toute autre modalité. Le calendrier de cette mobilité est laissé au choix de l’étudiant, pour autant qu’il respecte les contraintes posées par son université d’origine en termes d’organisation semestrielle. Les étudiants en mobilité choisissent leurs cours au sein d’une liste définie par le conseil scientifique et figurant sur ce site. Avec l’accord du représentant du Cursus dans leur université d’accueil, ils peuvent choisir un ou plusieurs cours ne figurant pas dans cette liste, pour autant que cela corresponde à un atout pour la réalisation de leur mémoire. Les cours suivis dans le cadre de la mobilité doivent impérativement être des cours de second cycle.

Le jury du mémoire de fin d’études intégrera nécessairement un membre du réseau n’appartenant pas à l’institution d’origine. Les représentants des institutions partenaires veilleront à ce que cette condition soit respectée par les organes chargés de la composition de ces jurys dans leur institution. Chaque institution s’engage à faciliter le travail de terrain des étudiants en leur faisant bénéficier des conventions et des appuis institutionnels privilégiés avec des centres de recherche au Sud. Lors de la défense des mémoires, le membre « extérieur » du jury sera présent, ou remettra un avis écrit, ou encore participera à la discussion par vidéoconférence.

Dispositions pratiques

Les langues de travail sont le français et l’anglais. Les représentants des institutions partenaires s’engagent à étudier au mieux les possibilités de renforcement linguistique pour les étudiants « out » et « in ». Ils veilleront dans la mesure du possible à permettre aux étudiants de rédiger leurs travaux et de passer les examens dans la langue de leur choix. Le responsable de l’institution d’accueil est spécifiquement chargé d’évaluer les compétences linguistiques des étudiants en mobilité pour les diriger éventuellement vers de cours renforçant ces capacités ; ces cours sont valorisables en termes de crédits dans le parcours.

L’inscription au Cursus est gratuite.

En fin d’étude, les étudiants reçoivent le diplôme de master de leur université d’origine et l’attestation du Cursus cosignée par les représentants des institutions « diplômantes ». Obtenir cette attestation requiert d’avoir satisfait à toutes les conditions définies plus haut : avoir été dûment sélectionné ; avoir réussi des cours totalisant un minimum de 30 crédit dans une ou plusieurs des institutions partenaires ; avoir dans son jury un membre extérieur à l’institution de rattachement et membre du réseau. Aucune mention n’est signalée sur l’attestation.

Partenariat scientifique

Institutions partenaires

Le Cursus européen en Anthropologie des dynamiques sociales et du développement est un parcours interuniversitaire spécifique réalisé dans le cadre d’un Master (2 ans) en anthropologie organisé dans sept institutions.

Conseil scientifique

Le Cursus est chapeauté par un conseil scientifique (Master Board), composé d’un représentant des huit institutions précitées et du partenaire IRD qui participe à l’encadrement scientifique du cursus.

  • Ecole des hautes études en sciences sociales, Giorgio Blundo (giorgio.blundo@ehess.fr)
  • Institut de recherche pour le développement, Laetitia Atlani-Duault (laetitia.atlani-duault@ird.fr)
  • Katholieke Universiteit Leuven, Ann Cassiman (Ann.Cassiman@soc.kuleuven.be)
  • Université de Bordeaux, Marc-Eric Gruénais (marc-eric.gruenais@u-bordeaux.fr)
  • Université de Copenhague, Quentin Gausset (Quentin.Gausset@anthro.ku.dk)
  • Université de Liège, Benjamin Rubbers (brubbers@ulg.ac.be)
  • Université libre de Bruxelles, Pierre Petit (pipetit@ulb.ac.be)
  • Uppsala Universitet, Sten Hagberg (Sten.Hagberg@antro.uu.se)

Centres de recherche associés

Le Cursus s’appuie sur les laboratoires et équipes de recherche associés aux enseignements des départements universitaires.

  • Aix-Marseille Université

IDEMEC: Institut d’Ethnologie Méditerranéenne Européenne et Comparative, UMR 7307, directeur Dionigi Albera.
IMAF-Institut des Mondes Africains, UMR CNRS 8171 IRD 243, directeur du Cenre d’Aix : Henri Médard; directeur à Paris : Pierre Boilley.
CREDO: Centre de Recherche et de Documentation sur l’Océanie, UMR 6574, directeur Laurent Dousset.
IrAsia: Institut de Recherche sur l’Asie, UMR 7306

  • EHESS (Pôle de Marseille)

Centre Norbert Elias, UMR 8562 CNRS-EHESS-Univ. d’Avignon, directrice Suzanne de Cheveigné.
CREDO: Centre de Recherche et de Documentation sur l’Océanie, UMR 7308 AMU, EHESS, CNRS, directtrice Pascale Bonnemère,

  • Katholieke Universiteit Leuven

IARA: Institute for Anthropological Research in Africa, directeur Filip De Boeck.
IMMRC: Interculturalism, Minorities and Migration Research Centre, directeur Karel Arnout Leman.

  • Université de Bordeaux

LAM: Les Afriques dans le monde UMR 5115, CNRS - Sciences Po Bordeaux, directeur C. Thiriot
ADESS: Aménagement, Développement, Environnement, Sociétés, Santé UMR 5185, CNRS -Université de Bordeaux – Université Bordeaux Montaigne Humanités, directeur D. Retaillé

  • Université de Copenhague (Københavns Universitet)

Le département d’anthropologie est organisé en plusieurs groupes de recherches se focalisant, entre autres sujets, sur l’anthropologie médicale, environnementale, politique, du développement et des migrations. Le département collabore également avec :
Asian Dynamics Initiative
Centre of African Studies
Master in Global Development

  • Université de Liège

LASC: Laboratoire d’anthropologie sociale et culturelle, directeur Benjamin Rubbers
Pôle Sud
CEDEM: Centre d’Etudes de l’Ethnicité et des Migrations, directeur Marco Martiniello

  • Université libre de Bruxelles

LAMC: Laboratoire d’anthropologie des mondes contemporains, directrice Sasha Newell

  • Université d’Uppsala (Uppsala Universitet)

Department of Cultural Anthropology and Ethnology, dir. Sten Hagberg
Forum for Africa Studies, directeur Sten Hagberg
Nordic Africa Institute
Rural Development, Swedish University of Agricultural Sciences
International Maternal and Child Care, Uppsala University

Collaborations avec des institutions scientifiques du Sud

EHESS (Pôle de Marseille)
Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local - LASDEL, Niamey (Niger), Universidade Federal de Goiás, Universidade de São Paulo, Universidade Federal do Rio de Janeiro (UFRJ) (Brésil), Universidad Nacional de Colombia (Colombie), Centro de Investigaciones y Estudios superiores en Antropologia social - Colegio de la Frontera Norte A.C. - Universidad Autónoma Metropolitana - Universidad de Guadalajara - Universidad Iberoamericana Ciudad de México (Mexique), Fudan University, Peking University (Chine).

Institut de recherche pour le développement
En savoir plus

Katholieke Universiteit Leuven
African Centre for Cities (University of Capetown), South-AfricaUniversity of Accra, Legon - Ghana, Université de Kinshasa - RDC, University Eduardo Mondlane - Mozambique - University of Namibi.

Université de Bordeaux
Université Cheik Anta Diop – Dakar (Sénégal), Centre Jacques Berque – Rabat (Maroc), Université Faculté des Lettres et Sciences Humaines Dhar El Mahraz, Fès (Maroc) Institut d’Ethnosociologie – Abidjan (Côte d’Ivoire) Laboratoire de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales et Santé (LARISS), Université de Ouagadougou (Burkina Faso).

Université de Copenhague (Københavns Universitet)
Gulu University (Uganda) Université de Ouagadougou (Burkina Faso) Vietnam National University, Hanoi Sokoine University (Tanzania)

Université de Liège
Université de Lubumbashi (R.D. Congo), Université de Kinshasa (R.D. Congo), Université d’Abomey-Calavi (Bénin), Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local, LASDEL, Niamey (Niger), Université d’Antananarivo (Madagascar)

Université libre de Bruxelles
Université d'Abomey-Calavi (Bénin), Université de Parakou (Bénin), Université de Lubumbashi (RDC), Université nationale du Laos, Université agronomique de Hanoï (Vietnam)

Uppsala Universitet
Université de Ouagadougou (Burkina Faso), Université polytechnique de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), Institut des Sciences des Sociétés (INSS), Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST), Ouagadougou (Burkina Faso) Point Sud, Centre de recherche sur le savoir local, Bamako (Mali), Institut supérieur de formation et de recherche appliquée (ISFRA), Bamako (Mali) Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL), Niamey (Niger), Centre for Natural Resources and Environmental Studies, Vietnam National University, Hanoi (Vietnam) Department of Sociology and Anthropology, Makerere University, Kampala (Uganda).
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Contacts ULB

Coordinateur: Pierre PETIT

Secrétariat: Hendrika Di Vincenzo
Tél. :  +32 (0)2 650 39 09
Campus du Solbosch
Bureau H.3.232



 
Mis à jour le 18 décembre 2020